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L’abeille noire de Corse

L’abeille noire de Corse est un écotype de l’abeille noire. Les scientifiques lui donne le nom d’Apis mellifera mellifera corsica. Cet écotype se retrouve seulement sur l’Île de Beauté. Ses caractéristiques en font une espèce adaptée et adaptable aux irrégularités du climat méditerranéen.

L’isolement géographique de la Corse sont à l’origine de la spéciation de cet écotype. Et cette insularité préserve l’intégralité de l’abeille noire de Corse. En contexte d’échanges intenses avec le reste du monde, l’isolement corse est conservée par :

  • un arrêté ministériel qui interdit les importations d’abeilles mellifères en provenance du continent,
  • le cahier des charges de l’AOP Miel de Corse qui rend obligatoire l’élevage en apiculture de l’écotype corse.

Ainsi l’abeille noire de Corse – que l’on appelle en langue corse Apa Nera – échappe encore à l’hybridation avec d’autres sous-espèces et races d’abeilles mellifères. Mais elle n’échappe malheureusement pas à d’autres dangers, comme le varroa ou le réchauffement climatique.

Aire de répartition

L’écotype corsica est proche de l’abeille noire que l’on trouve en France continentale et plus largement des Pyrénées à la Scandinavie et l’Europe de l’Est. La Corse est la limite boréale de l’aire de répartition d’Apis mellifera mellifera. Ainsi, plus vers le sud – en Sardaigne – c’est l’abeille italienne (Apis mellifera ligustica) que l’on retrouve.

L’abeille noire de Corse se rencontre dans tous les milieux de l’Île de Beauté. Depuis les zones littorales jusqu’aux zones montagneuses. Dans les forêts, les maquis, les zones de culture et les jardins. Elle est donc capable de s’adapter à des environnements et des climats variés.

Caractéristiques de l’abeille noire de Corse

Par sa physiologie, l’abeille noire de Corse porte une pilosité moins dense que sa soeur continentale. Ceci est probablement lié au climat plus doux de la Corse. Sa langue est par contre un peu plus longue. Il s’agit d’une adaptation pour récolter le nectar des fleurs indigènes, dont la corolle est parfois profonde. Les scientifiques ont trouvé une autre signature particulière, au travers de l’indice cubital. Cet indicateur est calculé en comparant la longueur des nervures de ses ailes. L’indice cubital est étudié pour distinguer les sous-espèces d’abeilles mellifères.

Par son comportement, l’abeille noire de Corse se distingue aussi des abeilles noires du continent. On la présente comme plus essaimeuse. Le climat de l’Île de Beauté permet le départ des essaims parfois dès la fin de l’hiver. Cet écotype est souvent plus défensif que d’autres races d’abeilles. Les ouvrières n’hésitent pas à attaquer l’apiculteur avant même que les ruches ne soient ouvertes. Comme pour toutes les populations d’abeilles, il existe une hétérogénéité sur les performances et les défauts pour l’apiculture. Et l’abeille corse fait l’objet d’études pour sélectionner des lignées plus douces et moins essaimeuses.

L’abeille corse est toutefois capable de collecter abondamment le nectar. Et dans un environnement non perturbé, les rendements en miel par ruche sont supérieur à 30 kilogrammes. Toutefois, de nouvelles méthodes de gestion des sous-bois et de protection des cultures sont à l’origine d’une diminution des ressources en nectar et en miellat.

En effet, les asphodèles – plantes qui produisent beaucoup de nectar au printemps – sont de plus en plus souvent fauchées avant ou en cours de floraison. Les champs de clémentiniers sont couverts de filets anti-grêles se qui gène le travail de pollinisation des abeilles et en piège aussi une grande quantité.

Pratiques apicoles en Corse

En Corse, le modèle de ruche dominant est la ruche Langstroth. Il s’agit d’une ruche dont le volume est un plus réduit que celui de la ruche Dadant. Il est plus adapté aux populations d’abeilles noires de Corse qui sont généralement plus réduites en nombre d’individus.

Beaucoup de ruchers sont sédentaires. C’est-à-dire que leurs ruches ne sont pas déplacées en cours d’année. Par contre, l’exploitation de plusieurs floraisons pour la production de miel typés nécessite la transhumance des ruches. Toutefois, la Corse est une île très diversifiée sur une échelle géographique réduite. Les déplacements pour rallier les zones littorales à celles de montagnes ne sont jamais longs.

En Corse, l’apiculteur peut faire deux à trois récoltes par an. Les miellées sont étalées tout au long de l’année. La dernière est celle de l’arbousier (Arbustus unedo). Cette arbuste fleurit entre octobre et décembre. Le miel d’arbousier est rare sur le marché. Il se produit aussi dans le sud-est de la France. Mais son goût particulier ne plaît pas à tout le monde.

Protection du l’écotype corsica

Varroa destructor est présent sur l’île. Cet acarien parasite externe des abeilles pose de gros problèmes pour l’apiculture, mais aussi pour la sauvegarde des abeilles sauvages. L’arrivée du varroa en Corse est à l’origine de la raréfaction des colonies d’abeilles sauvages.

Au moment de l’écriture de cet article (juillet 2021), le frelon asiatique n’a pas encore été détecté sur l’Île. Ce prédateur pourrait également causer des dégâts dans les ruchers et compliquer le maintien d’une apiculture rentable.

La protection de l’abeille noire de Corse repose sur un arrêté ministériel et sur une charte créée par le Syndicat AOP Miel de Corse.

Arrêté ministériel du 1er juillet 1982

Le varroa a fait sa première apparition en France en 1982 et très rapidement un arrêté a été pris pour protéger la filière apicole de Corse en évitant l’introduction de cet acarien dans les ruchers de l’Île de Beauté. Depuis cette date, il est donc interdit – par l’arrêté ministériel du 1er juillet 1982 – d’introduire des essaims et des reines en provenance du continent.

Bien que cet arrêté n’est pas été pensé pour conserver l’intégrité de l’écotype corse, il remplit cette fonction. Par contre, il n’a pas suffit à stopper l’avancée du varroa. Et cet acarien parasite est maintenant présent sur toute l’île.

De nos jours, une autre menace pèse sur les abeilles en Corse. Il s’agit d’un petit coléoptère des ruches (Aethina tumida). Présent dans le sud de l’Italie, ce petit insecte est parfaitement capable de survivre en climat méditerranéen. Son introduction aurait de grave conséquence sur l’apiculture de la région.

L’AOP Miel de Corse

L’AOP Miel de Corse – Mele di Corsica est l’une des deux appellations d’origine françaises qui certifient le caractère unique des miels de l’Île de Beauté. Sous cette appellation six miels corses sont produits. Chacun est issu d’un terroir et d’une flore particulière. Les miels de l’AOP sont :

  • Miel de printemps
  • Miel de maquis de printemps
  • Miel de miellat de maquis
  • Miel de maquis d’été
  • Miel de châtaigneraie
  • Miel de maquis d’automne

Les miels produits sous l’AOP Miel de Corse font l’objet d’un contrôle régulier. Celui-ci vise à trouver la moindre fraude. L’étude des grains de pollens – on parle d’étude palynologique – permet de repérer les espèces florales endémiques de Corse. Car certaines plantes ne poussent ici et nul par ailleurs.

L’AOP Miel de Corse n’autorise pas l’emploi d’autres races ou sous-espèces d’abeilles que celle de l’abeille corse. Ce point du cahier des charge contribue à renforcer la protection de l’écotype corsica.