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L’abeille noire

L’abeille noire est une sous-espèce de l’abeille mellifère ou abeille domestique. La science la nomme Apis mellifera mellifera. Il s’agit d’un insecte indigène en France, mais qui est actuellement en raréfaction. Les facteurs environnementaux, mais aussi les pratiques apicoles sont à l’origine de sa disparition. Toutefois, des amateurs et des professionnels s’intéressent à la protection de l’abeille noire. Et des actions en faveur de sa conservation ont vu le jour en France et dans des pays étrangers.

Qui est l’abeille noire ?

L’abeille noire (Apis mellifera mellifera) est indigène de l’ouest et du nord de l’Europe. Son aire de répartition s’étend des Pyrénées jusqu’à l’Oural. On la retrouve aussi en Corse, sur les Îles britanniques et le sud de la Scandinavie. C’est donc la seule abeille mellifère française. Sur ce grand territoire et après dix millénaires de sélection à des conditions locales (flores et climats variés) l’abeille noire s’est déclinée en de nombreux écotypes : breton, corse, cévenol, anglais,…

L’Homme introduit l’abeille noire dans de nombreuses régions du monde, comme en Amérique du Nord et en Australie. Ces Hyménoptères ont colonisé plus rapidement ces nouveaux continents que les pionniers européens. À l’état domestique, l’abeille noire est aussi présente dans les ruchers jusqu’à niveau du cercle polaire. Son adaptabilité est à l’origine de son succès.

Pourquoi l’abeille noire est menacée ?

L’abeille noire est malheureusement en danger et ses effectifs ont dramatiquement diminué en moins d’un siècle. Les facteurs à l’origine de ce déclin sont nombreux. Mais tous directement ou indirectement liés à l’activité humaine.

Usage des pesticides et pollution

Les pesticides employés par l’agriculture conventionnelle sont responsables de la disparition de nombreux insectes et en particulier des pollinisateurs qui entrent en contact avec ces poisons sur les fleurs qu’ils visitent. Les insecticides comme les néonicotinoïdes sont particulièrement dangereux. Ils sont systémiques et se retrouvent dans le nectar et les exsudats des plantes qui ont été traitées.

Les insecticides sont aussi employés en grandes quantités par les particuliers qui traitent les plantes ornementales, les arbres fruitiers et le potager de leur jardin. Souvent sans respecter les doses indiquées par les fabricants et en pulvérisant durant les périodes de floraison. Les espaces verts peuvent alors devenir des pièges mortels pour les abeilles.

Modification des paysages

La population humaine augmente constamment et les écosystèmes sont détruits au profit d’espaces cultivés, d’aménagement routier et urbain. Autour des champs cultivés, les haies ont pour la plupart été détruites. Les plantes mellifères qui s’y trouvaient ont disparu.

Appauvrissement floristique

Les écosystèmes bouleversés par les activités humaines se sont fortement appauvris. Les forêts ne comptent qu’un nombre réduit d’espèces végétales et sont pauvres en biodiversité. Les abeilles y trouvent peu de plantes qui produisent du nectar et du pollen.

Les systèmes agraires sont dominés par quelques espèces. Certaines comme les céréales ne produisent pas de nectar et leurs champs sont des déserts verts qui n’ont aucun intérêt écologique. Les cultures comme le colza et le tournesol sont des sources importantes de nectar. Mais à la fin de leur floraison, les abeilles font face à un manque de ressource, car il n’y que très peu d’autres fleurs à butiner.

Réchauffement climatique

Le dégagement de gaz à effet de serre est à l’origine d’un réchauffement climatique à l’échelle mondiale. Dans certaines régions du monde ont attend une montée des températures moyennes de plusieurs degrés. Cette augmentation des températures va avoir des conséquences graves sur la végétation. Et de nombreuses espèces seront incapables de s’adapter.

Il est possible que l’abeille noire soit directement impactée par l’augmentation des températures. Bien que ses facultés d’adaptation lui permettront probablement de survivre plus facilement que de nombreuses autres espèces plus exigeantes.

Parasites et prédateurs

Les échanges commerciaux sont à l’origine de l’introduction de parasites, d’agents pathogènes et de prédateurs étrangers. L’abeille noire – comme toutes les abeilles mellifères – sont fortement touchées par le varroa et par le frelon asiatique.

Le varroa est un acarien originaire d’Asie, où il a pour hôte naturel l’abeille asiatique (Apis cerana). L’infestation des colonies d’abeilles par les varroas provoquent l’épuisement prématuré des ouvrières. Lorsque ces parasites sont trop nombreux ils transmettent aussi de dangereux virus. Les abeilles ne survivent pas longtemps et toute la colonie disparaît en quelques semaines.

Le frelon asiatique est également originaire d’Asie. Il est arrivé en France en 2004 et est maintenant présent sur la plupart des zones de l’hexagone. Il s’agit d’un prédateur redoutable. Les frelons asiatiques chassent de nombreux insectes dont les abeilles mellifères. En plus de tuer les butineuses, ils sont à l’origine d’un stress au sein des colonies qu’ils affaiblissent. Les abeilles ne sortent plus de la ruche et toute la colonie finit par mourrir de faim.

Les abeilles noires étaient jusque dans les années 80 assez fréquentes dans le milieu naturel. Mais depuis il est très rare de trouver une colonie dans le creux d’un arbre. Le varroa et le frelon asiatique ont exterminé la plupart des colonies sauvages.

Hybridation avec abeilles allochtones

L’introduction de races et sous-espèces étrangères d’abeilles est à l’origine d’hybridation. Les abeilles noires pures sont maintenant très rares. On n’en retrouve que sur les îles isolées, comme sur l’Île d’Ouessant en Bretagne, où un conservatoire d’abeilles noires a été créé.

L’hybridation fait perdre les caractéristiques de l’abeille noire qui lui ont permis de survivre durant les milliers d’années. Ces hybridations sont aussi à l’origine d’une augmentation de son agressivité.

Désintérêt des apiculteurs

Les apiculteurs amateurs et les apiculteurs professionnels sont peu nombreux à s’intéresser à l’abeille noire. Tout d’abord, ils lui reprochent son agressivité et sa tendance à essaimer plus facilement.

Les apiculteurs professionnels préfèrent travailler avec des sous-espèces comme l’abeille italienne (Apis mellifera ligustica) ou bien des races comme l’abeille Buckfast, car celles-ci sont plus productives et leurs populations se développent plus tôt au printemps.

Il faut dire que l’abeille noire n’a pas fait l’objet d’autant de recherche, de sélection et d’amélioration que d’autres abeilles mellifères. Durant les années 60, lorsque le besoin en essaims était très important, le choix s’est porté vers l’importation de colonies originaires d’Italie ou d’Allemagne. Et non sur la production de colonies d’abeilles noires françaises.

Les actions de conservation

Face à ces dangers, des apiculteurs et des naturalistes se sont intéressés à l’abeille noire et ont constitué des associations et des centres d’élevage. Des ruchers conservatoires permettent de récupérer des colonies d’abeilles noires et de les élever. Il existe de nombreux conservatoires en France et dans d’autres pays d’Europe.

En France, la plupart des conservatoires de l’abeille noire sont fédérés au sein de la FEDCAN. Cette association reçoit le conseil scientifique d’experts du CNRS dans le développement et de pilotage des actions de conservation.

Comment contribuer à sa protection ?

Si vous souhaitez participer à la protection et à la sauvegarde de l’abeille noire, vous pouvez rejoindre l’une des associations qui oeuvrent pour la conservation de cet insecte.

Vous pouvez aussi acheter du miel auprès d’apiculteurs qui élèvent des abeilles noires. Il existe des labels qui attestent que les ruchers de production sont peuplés par Apis mellifera mellifera. C’est le cas du label belge Miel de Noires.

Si vous êtes apiculteurs – amateur ou professionnel – vous pouvez aussi introduire des abeilles noires dans vos ruches. Mais il faudra être patient, car trouver des abeilles noires n’est pas toujours facile. Heureusement, des éleveurs français et belges peuvent être contacté au travers de leur association Mellifica. Vous pouvez aussi consulter les sites de ces éleveurs d’abeilles noires :

Pour en savoir davantage sur Apis mellifera mellifera

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la biologie des abeilles et sur les spécificités de l’abeille noire, rejoignez notre formation théorique en apiculture. Pour obtenir plus d’information sur les modules de formation elearning et les visioconférences, consultez le site internet de la formation : https://apiculture.idlwt.com