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Vespa mandarinia : tout savoir sur le frelon géant

Vespa mandarinia, le frelon géant est le plus gros frelon connu au monde et mérite amplement son nom. Cette espèce est originaire d’Asie orientale et est crainte pour son agressivité. Chaque année, les frelons géants causent de nombreux décès chez les populations locales. Introduit récemment aux États-Unis, le frelon meurtrier – comme il est nommé en Amérique du Nord – a prouvé sa capacité à coloniser de nouveaux territoires. Cette espèce dangereuse et invasive pourrait-elle arriver, s’acclimater et envahir la France ? Cet article fait un résumé des connaissances acquises sur Vespa mandarinia pour tout savoir sur le frelon géant. Nous vous souhaitons une bonne lecture.

L’essentiel sur Vespa mandarinia en vidéo

Si vous préférez apprendre l’essentiel sur Vespa mandarinia – le frelon géant – consultez la vidéo suivante :

Vidéo sur le frelon géant : tout savoir sur Vespa mandarinia.

Vespa mandarinia porte plusieurs noms

Dans cet article, nous utilisons les termes de frelon géant, de frelon meurtrier et parfois de frelon japonais pour désigner une seule et même espèce, Vespa mandarinia.

Les anglophones parleront d’Asian Giant Hornet (AGH), de Japanese Giant Hornet, de Murder Hornet ou de Yak Killer Hornet.

En utilisant ces termes français ou anglais, vous trouverez facilement de nombreuses informations sur internet.

Où trouve t-on le frelon géant, alias le frelon meurtrier ?

Le frelon géant est naturellement présent en Asie orientale. Mais son aire de répartition s’est récemment élargie, avec la découverte de plusieurs colonies en Amérique du Nord.

Aire d’origine

Le frelon géant se retrouve plus précisément en Chine, à Taïwan, au Népal, au Bhoutan, en Inde, au Sri Lanka, en Birmanie, au Viet-Nam, en Thaïlande, au Cambodge, au Laos, en Russie, en Corée du Sud, en Corée du Nord et au Japon.

Décrite au XIXème siècle par l’entomologiste anglais Frederick Smith, cette espèce préfère les climats tempérés et subtropicaux. Vespa mandarinia se retrouve généralement dans des régions montagneuses, mais sans atteindre des altitudes importantes.

frelon géant Vespa mandarinia
Vespa mandarinia qui se nourrit sur un fruit tombé. Photo par Thomas Brown.

Le frelon géant est rare ou absent dans les zones de basse altitude où le climat est trop chaud. Il est présent dans des zones où les hivers sont froids, comme sur le littoral sibérien.

Cette espèce est donc capable de survivre sous des conditions climatiques suffisamment variées pour en faire un potentiel candidat à l’acclimatation dans de nombreuses régions du monde.

Foyer nord-américain

Aux États-Unis, les frelons géants ont fait leur apparition au nord-ouest du pays, dans l’État de Washington. Surnommé Murder hornet (en français : frelon meurtrier), Vespa mandarinia préoccupe les autorités américaines et une lutte intense est menée par l’USDA – agence gouvernementale américaine de l’agriculture et de l’environnement – pour endiguer la prolifération de cette espèce invasive.

Le Canada est aussi concerné par la gestion de ce problème environnemental, car un nid a été détruit en Colombie Britannique en 2019 et de nouveaux frelons ont été capturés en 2021 à proximité de sa frontière.

Des simulations qui utilisent les données climatiques de son habitat d’origine, montrent que le frelon géant pourrait coloniser toutes les régions de la côte pacifique depuis le sud de l’Alaska, jusqu’au sud de la Californie. Avant de descendre vers le Mexique, puis de se répandre du Texas au Maine, en passant par la Floride. Seules les régions des Montagnes Rocheuses et les Grandes Plaines semblent inhospitalières pour Vespa mandarinia.

Vespa mandarinia est-il présent en France ?

Le frelon géant (Vespa mandarinia) n’est pour le moment pas connu sur le territoire français. Toutefois, le danger d’assister à son implantation est bien réel et préoccupe les spécialistes.

En effet, cette espèce en colonisant le nord-ouest des États-Unis a prouvé qu’elle était capable de :

  • Survivre à un long transport depuis l’Asie
  • Résister aux hivers d’un climat tempéré océanique
  • Capable de se propager rapidement et discrètement

Les frelons – comme de nombreuses guêpes – sont des insectes invasifs, dont il est très difficile de freiner la propagation et encore davantage à éradiquer. Généralement, les invasions de guêpes ne sont pas stoppées.

Le succès de son cousin le frelon asiatique (Vespa velutina) en France, nous le confirme. Arrivé en 2004 depuis la Chine, il a colonisé la plupart des département de l’hexagone et progresse dans les pays limitrophes, sans que rien ne semble ralentir son avancée.

Plus récemment – en 2021 – deux nids de frelons orientaux (Vespa orientalis) ont été découverts et détruits à Marseille. Mais il est possible que le frelon oriental s’implante dans le sud-est de la France.

Quel est le plus gros frelon du monde ?

Le plus gros frelon du monde est le frelon géant, Vespa mandarinia. Avec 5 cm de longueur pour les ouvrières et 6 cm pour le reine. Il est beaucoup plus gros que :

  • le frelon asiatique : 1,5 à 2 cm pour les ouvrières et 3 cm pour la reine
  • le frelon oriental : 2,5 cm pour le ouvrières et 3,5 cm pour la reine
  • ou le frelon européen : 2 à 2,5 cm pour les ouvrières et 3,5 cm pour la reine

Une ouvrière de Vespa mandarinia à un poids d’environ 1,6 grammes. Soit le poids de 15 abeilles mellifères. Une reine est bien plus volumineuse et peut peser 3 grammes.

Le plus gros frelon géant a été découvert dans la province chinoise du Yunnan. Ce spécimen mesurait 6 centimètres de long pour 9 centimètres d’envergure. Il s’agissait d’une ouvrière et la reine devait logiquement être plus grosse.

Vespa mandarinia subsp. japonica est nommé frelon japonais ou frelon géant japonais. Crédit photographique : T-mizo

Il est probable que des différences de taille chez Vespa mandarinia dépendent des sous-espèces ou d’écotypes locaux. Car il existe une biodiversité importante au sein de l’espèce. Les entomologistes ont décrits des sous-espèces suivants :

  • Vespa mandarinia subsp. bellona
  • Vespa mandarinia subsp. nobilis
  • Vespa mandarinia subsp. japonica (le frelon japonais)
  • Vespa mandarinia subsp. magnifica

Ces différences de taille peuvent aussi dépendre de la quantité de nourriture offerte aux larves durant leur croissance. Les larges bien nourries se métamorphosent en frelons de plus grosse taille.

Mais il existe chez l’Ordre des Hyménoptères des espèces plus imposantes que le frelon géant. La plus grande espèce est une guêpe solitaire géante chasseuse de mygales. Nommée Pepsis pulszkyi, son envergure dépasse les 10 centimètres.

Comment reconnaître le frelon géant ?

Le frelon géant est le plus gros du genre Vespa. Mais il est parfois difficile de faire la différence entre espèces proches, lorsqu’on n’est pas habitué à observer ces insectes.

Développement et croissance de l’oeuf à l’imago

Comme de nombreux insectes, les Hyménoptères passent au cours de leur vie par quatre stades de développement : oeuf, larve, nymphe, insecte adulte. Ce dernier stade est aussi nommé insecte parfait ou imago.

larves et nymphes du frelon géant
Larves et nymphes de Vespa mandarinia. Crédit photographique : USGS Bee Inventory and Monitoring Lab, USA.

Les larves passent par cinq mues, avant de tisser un cocon de soie. Puis de se transformer en nymphe. La nymphe ne s’alimente pas, mais elle est le siège de profondes modifications anatomiques et morphologiques, durant 18 jours.

Il s’écoule environ 40 jours entre la ponte d’un oeuf et l’émergence d’un frelon géant adulte. Cette durée est proche chez l’abeille mellifère, avec 42 jours pour une ouvrière.

Morphologie du frelon géant

Le frelon géant adulte présente une morphologie identique aux espèces du genre Vespa.

La cuticule

Le corps du frelon géant est entièrement couvert par une cuticule rigide et articulée. Cette enveloppe solide – qui contient de la chitine – joue le rôle d’exosquelette.

La cuticule est aussi suffisamment épaisse pour protéger le frelon géant des dards de ses proies, comme ceux des abeilles mellifères. C’est une véritable armure.

Morphologie du frelon géant
Le corps d’un frelon géant se compose de trois parties principales : la tête, le thorax et l’abdomen. Crédit de la version non modifiée : USGS Bee Inventory and Monitoring Lab, USA.

La tête

La tête du frelon géant est de couleur jaune à jaune orangée.

Comparativement aux autres espèces de frelons, la tête de Vespa mandarinia est plus large. Ce volume s’explique par le volume important des muscles qui actionnent les mandibules de l’insecte.

Néanmoins, la tête présente tous les éléments présents chez les Hyménoptères. On y retrouve :

  • Deux yeux composés
  • Trois yeux simples, nommés ocelles
  • Une paire d’antennes
  • De fortes mandibules
tête du frelon géant
Organes apparents sur la tête d’un frelon géant. Photo modifiée. Crédit de la version originale : USGS Bee Inventory and Monitoring Lab, USA

Les yeux composés contiennent des centaines de facettes, les ommatidies. Ces yeux permettent de couvrir un large champ de vision, avec environ 300°.

Les ocelles sont trois yeux simples situés au sommet de la tête. Elles sont sensibles à l’intensité lumineuse et jouent un rôle important durant l’orientation en vol, mais aussi pour guider les ouvrières vers la sortie de leur nid.

Les antennes sont des organes de détection pour l’insecte. Elles sont couvertes de récepteurs qui permettent de sentir les odeurs et de détecter les phéromones émises par d’autres individus. Elles sont aussi mobiles et permettent aux frelons d’avancer en tâtonnant dans l’obscurité du nid.

Les mandibules sont actionnées par de puissants muscles. Elles sont utilisées pour la capture et la mise à mort des proies. Mais aussi pour la construction du nid.

La tête contient un cerveau développé. Il permet de communiquer avec les autres frelons. Il est capable de stocker des informations tirées de l’analyse d’un environnement complexe. Le frelon doit pouvoir s’orienter par rapport à des points de repère et retrouver le chemin de son nid. Il a donc de bonnes capacités de mémorisation.

La tête contient aussi des glandes, comme les glandes mandibulaires qui produisent des phéromones.

Le thorax

Le thorax est la partie médiane du corps du frelon. Sa coloration est brun sombre, avec quelques zones orangées.

Le thorax porte les deux paires d’ailes et les trois paires de pattes. Il contient des muscles qui permettent un battement d’ailes rapide et une cadence prolongée. Pas moins de 150 battements d’ailes par seconde.

On retrouve aussi un canal semblable à une artère, qui débute dans l’abdomen et se prolonge jusqu’à la tête. Ce tube conduit l’hémolymphe, un liquide translucide souvent comparé au sang des vertébrés.

L’abdomen

Cette partie du corps est vivement colorée. Les segments sont jaunes ou bruns foncés. Le sixième segment est entièrement jaune.

L’abdomen contient de nombreux organes qui jouent des fonctions diverses chez l’insecte : respiration, digestion, défense immunitaire, envenimation,…

Une grande portion du tube digestif se trouve dans l’abdomen. Le système digestif permet de digérer les aliments en nutriments et de permettre leur passage dans l’organisme.

Mais un compartiment du tube digestif à un rôle à part. Il s’agit du jabot. Similaire à notre estomac, il permet de stocker des aliments liquides qui pourront être partagés avec les autres individus de la colonie. Ce partage d’aliment d’un frelon à un autre est nommé trophallaxie.

L’abdomen est percé d’orifices – les stigmates – qui permettent à l’air de circuler dans les trachées. Les trachées se prolongent vers le thorax et la tête et se ramifient en canaux plus fins que l’on nomme des trachéoles. Ce système respiratoire permet l’approvisionnement des tissus et des organes en oxygène et l’élimination du gaz carbonique. Les échanges gazeux sont accélérés par les contractions répétées de l’abdomen.

On retrouve dans l’abdomen des glandes qui produisent des phéromones. Et notamment les composés qui permettent de marquer les nids d’abeilles ou d’autres lieux où de la nourriture est présente en quantité. Ces phéromones permettent de signaler l’emplacement à d’autres ouvrières et de provoquer leur regroupement.

Abdomen du frelon géant, terminé par un dard. Crédit photographique : Washington State Department of Agriculture, USA

L’abdomen se termine par un appareil venimeux chez les femelles, qu’elles soient ouvrières ou reines. Les mâles en sont dépourvus et ne peuvent pas piquer. C’est une constante chez les Hyménoptères. Ainsi, chez les abeilles mellifères, les faux-bourdons n’ont pas d’aiguillon.

Le dard est lisse, ce qui permet au frelon de piquer plusieurs fois, sans risquer l’amputation de l’extrémité de son abdomen. Pour mémoire, le dard des abeilles ouvrières du genre Apis est cranté. Ainsi celui-ci reste figé dans la peau des mammifères et des oiseaux.

Similitudes avec d’autres insectes

La taille du frelon géant en fait l’un de plus gros insectes de l’Ordre des Hyménoptères. Pourtant, il est parfois confondu avec d’autres espèces du genre Vespa, comme le frelon européen et le frelon asiatique. Mais aussi avec une guêpe parasitoïde géante mais inoffensive, la scolie des jardins (Megascolia maculata).

Ressemblance avec le frelon européen

Le frelon européen présente des couleurs proches du frelon meurtrier. Mais son abdomen est plus jaune.

Vespa crabro
Ouvrière de frelon européen. Crédit photographique : Jürgen Mangelsdorf

Ressemblance avec le frelon asiatique

Le frelon asiatique – que l’on nomme aussi frelon à pattes jaunes – est assez différent du frelon géant. Son corps est bien plus sombre.

Vespa velutina
Ouvrière de frelon asiatique. Crédit photographique : Gilles San Martin

Ressemblance avec la scolie des jardins

Le frelon géant ressemble davantage à la scolie des jardins. La taille de cet insecte et la couleur jaune de sa tête peuvent faire douter de nombreux observateurs. Mais l’oeil exercé d’une personne informée fera la distinction en un instant.

scolies des jardins
Scolies des jardins. Crédit photographique : S. Rae

L’évolution aurait abouti à donner à la scolie une coloration proche de celle du frelon géant. Ceci lui permettrait de décourager d’éventuels prédateurs.

Rappelons que la scolie des jardins est un insecte parfaitement inoffensif et naturellement présent en France. Contrairement aux frelons géants, les scolies sont des guêpes solitaires qui ne construisent pas de nid.

Comment se reproduit Vespa mandarinia ?

Chez les insectes de l’Ordre des Hyménoptères, beaucoup d’espèces sont solitaires. Mais l’on trouve chez les abeilles et chez les guêpes plusieurs espèces qui vivent en colonie. C’est le cas de tous les frelons. Les entomologistes parlent d’une espèce eusociale.

Ainsi Vespa mandarina construit des nids qui peuvent compter plusieurs centaines d’ouvrières, mais une unique reine pondeuse. Les tâches nécessaires à la survie de la colonie sont réparties entre les castes. Le colonie peut-être considéré comme un super-organisme où chaque individu joue un rôle pour l’intérêt commun et la pérennité de l’espèce.

Fondation de la colonie par une seule reine

Chaque année au printemps, la fondation d’une colonie débute avec un seul individu, une jeune reine. Il n’y a pas d’essaimage comme chez les abeilles. Pour retrouver la trace de la gyne (autre nom que l’on donne à une reine), il faut remonter quelques mois auparavant, à l’automne précédent.

Cette reine est née dans un nid avec des dizaines d’autres reines et de mâles. Après sa fécondation, elle a quitté sa colonie pour chercher un abri où passer l’hiver. C’est sous un tas de bois ou sous des écorces qu’elle sera le mieux protégée du froid. Elle attendra – immobile pendant plusieurs semaines – le retour des beaux jours. Ce repos est nommé diapause.

Le printemps arrivé, la jeune reine de frelon géant cherche un site où s’installer et débuter la construction de son nid. Cette espèce apprécie de fonder sa colonie dans une cavité du sol ou sous les racines d’un arbre. Un terrier creusé par un petit animal – comme un rongeur – convient parfaitement. Le nid y est parfaitement protégé et subit moins les fluctuations de la température extérieure. Mais on retrouve aussi des nids dans les creux des arbres, sous les avancées de toiture ou même dans des greniers.

nid de frelons géants
Nid de frelons géants trouvé à l’intérieur d’un tronc d’arbre. Photos modifiées. Crédit des originaux : USGS Bee Inventory and Monitoring Lab, USA

La reine fondatrice va débuter seule la construction du nid, puis l’élevage des premières larves. Cette première étape est risquée, car elle aura besoin de capturer des insectes pour alimenter sa progéniture. Puis, lorsque les premières ouvrières émergent des alvéoles du nid, la reine ne sortira plus à l’extérieur et se contentera de pondre.

Développement de la colonie

Les ouvrières doivent souvent agrandir l’espace disponible et retire des matériaux. Si le nid se trouve dans le sol, les ouvrières sortent le substrat sous forme de petites boulettes de terre. De la même manière que procèdent les fourmis. Avec le temps, un monticule se forme. Ce monticule rend plus facilement repérable l’entrée du nid par les chasseurs de frelons. C’est celui-ci que recherchent les chasseurs de frelons.

Le nid se compose de quatre à douze plateaux horizontaux ou galettes d’alvéoles fabriquées en fibres de bois mâchées. Au total, entre 1000 et 3000 cellules reçoivent les oeufs de la reine. La taille de chaque cellule dépend de la caste des insectes qui y seront élevés :

  • L’alvéole d’une ouvrière est d’un centimètre de diamètre pour trois centimètres de profondeur.
  • L’alvéole d’un mâle ou d’une reine est d’un centimètre et demi de large pour quatre centimètres de profondeur

Les larves se développent la tête vers le bas. Elles sont retenues au fond de leur alvéole par une substance adhésive.

Concurrence entre colonies

Les colonies de frelons géants consomment beaucoup d’insectes. Plusieurs centaines de grammes chaque jour au plus fort de leur activité. Chaque colonie règne sur un vaste territoire pour trouver les aliments nécessaires à sa survie. Et cet espace est défendu des frelons des colonies voisines.

Le frelon géant est une espèce territoriale. Les colonies qui sont distantes de moins de deux kilomètres sont souvent en conflit.

Les sources d’aliments – comme une coulée de sève sur l’écorce d’un arbre – sont protégées par des ouvrières qui ne laissent aucun frelon et papillon s’en approcher.

Naissance de la génération sexuée

Au printemps et en été, la colonie élève seulement des ouvrières. Mais dès le début de l’automne, de jeunes reines et des mâles vont être élevés. Une reine s’accouple avec un seul mâle, rarement plusieurs. L’accouplement se fait à l’entrée du nid.

Après l’accouplement les mâles meurent, mais les jeunes reines fécondées vont passer l’hiver, puis pondre l’année suivante. La durée de vie d’une reine est d’une année, contre quelques semaines pour une ouvrière.

Quelle est l’alimentation de Vespa mandarinia ?

Comme tous les animaux, les frelons géants ont besoin de trouver des aliments de qualité et en quantité pour survivre. Ces aliments fournissent des nutriments nécessaires au développement et à la croissance de chaque individu.

Les nutriments sont classés en catégories, en fonction de leur composition chimique et de leur rôle dans l’organisme : glucides, lipides, protides, sels minéraux, vitamines et eau.

ouvrières qui récupèrent la pulpe d'un fruit tombé
Ouvrières de frelons et de guêpes sur les restes d’un fruit. Source photographique : Thomas Brown.

Quels sont les castes qui collectent les aliments ?

Durant les premières semaines qui suivent la fondation du nid, seule la reine est capable de chasser pour nourrir les premières larves.

Au sein d’une colonie peuplée, ce sont les ouvrières qui sont chargées de trouver les aliments pour nourrir les larves, la reine, puis les futurs individus sexués.

L’alimentation des larves

Les larves ont besoin de tous les types de nutriments, mais surtout d’une grande quantité de protéines. Elles reçoivent des ouvrières des boulettes d’insectes mâchés.

ouvrière qui collecte de la sève sur un arbre
Ouvrière qui collecte de la sève sur un arbre. Source : Greg Peterson.

Les ouvrières chassent beaucoup de gros insectes et en particulier des larves de coléoptères et des chenilles. Leur grande taille est une adaptation évolutive nécessaire pour capturer ces grosses proies.

L’alimentation des ouvrières

Les ouvrières adultes ont surtout besoin de glucides, c’est-à-dire de sucres. Les glucides sont une source d’énergie pour l’organisme. Et les ouvrières, constamment actives, en ont besoin de quantité.

Elles collectent des liquides sucrés sur les fruits, en buvant le nectar des fleurs et en récupérant la sève des arbres. Mais les ouvrières sont incapables de digérer des aliments solides.

Les ouvrières de frelon géant s’échangent des liquides par trophallaxie. Les spécialistes indiquent que le frelon géant est le seul à pratiquer la trophallaxie en dehors du nid.

Un fait étrange est à noter chez les frelons. Les larves produisent un liquide sucré qu’elles donnent aux ouvrières. Cette salive est une source complémentaire de sucres et d’acides aminés. Elle est appréciable, lorsque les conditions météorologiques ne permettent pas aux ouvrières de collecter suffisamment de nourriture en dehors du nid.

De plus cette salive apporte des nutriments que les ouvrières ne peuvent pas obtenir dans leur alimentation. Ces régurgitations jouent aussi un rôle dans la cohésion de la colonie et réduisent l’agressivité des ouvrières.

Contrairement aux abeilles qui stockent les sucres sous la forme de miel, les frelons n’en produisent pas. Les larves sont donc une réserve de nutriments, qu’elles restituent continuellement aux insectes adultes.

L’alimentation des reines et des mâles

Enfin, tout comme ses larves, la reine à besoin d’être alimentée avec des insectes. Car la ponte demande beaucoup de protéines.

Les jeunes reines et les mâles sont aussi des grands consommateurs de protéines. Celles-ci sont indispensables pour la maturation de leurs organes génitaux. Les castes sexuées dépendent entièrement des ouvrières pour être nourries.

Le frelon géant est-il dangereux ?

Bien entendu, le frelon géant est un insecte dangereux. Il est une menace pour les personnes et même pour les animaux. Mais le frelon géant est aussi une calamité pour les abeilles et les apiculteurs. Enfin, c’est un problème majeur pour les écosystèmes.

Les dangers du frelon meurtrier pour les êtres humains

Au Japon, cinquante personnes sont tuées chaque année par les frelons géants. En Chine, le nombre des décès est aussi important. Il s’agit généralement de personnes attaquées à proximité d’un nid.

Attaques massives à proximité d’un nid

En quelques secondes, des centaines d’ouvrières piquent un jardinier ou un simple promeneur. Les effets du venin apparaissent rapidement et la mort peut survenir après seulement un quart d’heure. La victime meurt d’un arrêt cardiaque.

Les personnes qui survivent doivent souvent recevoir des soins pendant plusieurs jours. Les piqûres laissent des cicatrices visibles plusieurs années.

Quel que soit le nombre d’ouvrières impliquées, il est nécessaire de faire appel aux secours le plus vite possible après une attaque de frelons géants.

Toxicité du venin du frelon meurtrier

Pour une personne allergique, le danger de mourir est réel dès la première piqûre. Le risque est d’assister à un choc anaphylactique.

Le venin du frelon meurtrier est aussi toxique que celui des autres frelons. Mais il est moins fort que celui des abeilles mellifères. Par contre, ce venin est délivré en bien plus grande quantité.

La moindre piqûre est suivie d’une vive douleur, qui peut persister deux jours ou davantage. Cette souffrance est suffisante pour priver de sommeil la victime.

La sensation douloureuse est provoquée par l’histamine contenu par le venin. Mais aussi par d’autres composés qui permettent sa diffusion dans les tissus et l’organisme.

Des enzymes et des protéines (la phospholipase et les mastoparans) sont également impliquées dans la destructions des cellules. Ce qui fait du venin de frelon géant un cocktail potentiellement mortel.

Enfin, le dard du frelon géant mesure 6 millimètres. Il passe facilement au travers de la plupart des vêtements et peut injecter le venin profondément sous l’épiderme.

On comprend bien la préoccupation des spécialistes français, lorsqu’ils évoquent une possible importation de ce frelon depuis l’Asie ou l’Amérique du Nord.

Les dangers pour les abeilles

Les frelons géants sont de redoutables prédateurs des abeilles. Ils s’attaquent aussi bien à l’abeille mellifère (Apis mellifera), qu’à d’autres abeilles du genre Apis.

Formes de prédation

Deux types d’attaques des colonies d’abeilles sont connus :

  1. Capture simple : un frelon se pose sur l’entrée du nid d’abeilles, capture une ouvrière, la décapite et lui sectionne l’abdomen, pour emporter seulement le thorax. Ce type d’attaque n’est pas ciblé. Et l’ouvrière visite plusieurs ruches.
  2. Massacre : de 2 à 50 frelons se regroupent devant une colonie d’abeilles, suite au marquage par des phéromones. Ils tuent toutes les gardiennes, puis entrent dans le nid. En quelques heures, ces frelons peuvent dépeupler une colonie d’abeilles de plus de 30 000 individus. Les frelons géants occupent la ruche et s’emparent progressivement des larves et des nymphes pour les rapporter à leur nid.

Le massacre est un type d’attaque qui se produit surtout lorsque les colonies de frelons contiennent beaucoup de larves à nourrir. Typiquement à la fin de l’été.

Durant le massacre et l’occupation du nid dépeuplé, les frelons adoptent une attitude défensive pour protéger cette source d’aliments vis-à-vis des frelons d’autres colonies, mais aussi des personnes qui passeraient à proximité. Un apiculteur doit être prudent lorsqu’une de ses ruches subit une attaque massive.

En plus de s’attaquer aux colonies d’abeilles, les frelons géants peuvent aussi attaquer et massacrer les colonies de guêpes ou de frelons d’autres espèces.

Le comportement de massacre d’une colonie d’abeilles est présenté par la vidéo suivante.

Attaque d’une colonie d’abeille par un groupe de frelons géants. Film de National Geographic.

Comportement de défense d’Apis cerana

L’abeille asiatique Apis cerana est connue pour son comportement de défense contre les frelons. Les ouvrières de cette espèce attaquent les frelons qui se posent à l’entrée de leur nid.

Des dizaines d’ouvrières sautent sur le frelon et forment une boule autour de l’agresseur. Elles produisent simultanément – en faisant vibrer les muscles de leurs ailes – de la chaleur. La température atteint 46°C et du gaz carbonique est produit en grande quantité. Ce qui conduit à tuer le frelon emballé.

Mais contrairement à ses cousines asiatique, l’abeille mellifère n’a pas mis en place de comportement pour se défendre des attaques des frelons géants. Les colonies d’Apis mellifera sont particulièrement vulnérables.

Les dangers pour l’environnement

Les ouvrières de frelons géants chassent activement dans un rayon de deux kilomètres autour de leur nid. Ce rayon d’action est plus important que pour les autres frelons. Mais il a été constaté qu’elles franchissent jusqu’à 8 kilomètres pour trouver leurs aliments.

Bien que les colonies d’abeilles soient attractives pour les frelons, les proies capturées sont très variées. Les frelons géants sont connus pour traquer de grosses larves de coléoptères.

La destruction des pollinisateurs a un impact fort sur les peuplements de végétaux. Car beaucoup de plantes sont dépendantes de la pollinisation par les insectes pour produire des fruits et des graines.

L’introduction du frelon asiatique dans une nouvelle région va provoquer de véritables bouleversements. La prédation peut conduire à la disparition d’espèces d’insectes utiles. Et les répercussions sur l’ensemble des écosystèmes et des systèmes agraires peuvent être graves, jusqu’à concerner la sécurité alimentaires des êtres humains.

Signalons que des populations de la province indienne du Nagaland conduisent un mode d’élevage des colonies de frelons géants. Ceci pour obtenir une quantité importante de larves à cuisiner.

Comment lutter contre le frelon Vespa mandarinia ?

Les espèces de frelons ne représentent pas toutes un danger pour l’être humain, pour l’apiculture ou pour l’environnement.

En France, une espèce de frelon est indigène. Elle est utile, car elle régule les populations d’insectes nuisibles pour l’agriculture : mouches, chenilles,… Il s’agit du frelon européen (Vespa crabro).

Par contre, les espèces invasives présentent un danger pour l’environnement et pour les personnes. Notamment lorsque des nids sont construits trop proches des habitations et des lieux fréquentés. Il convient alors de les détruire.

Dans la plupart des régions où se trouve Vespa mandrinia, les populations locales redoutent cet insecte et entreprennent – lorsque cela est possible – la destruction systématique des nids. Mais l’enfouissement des colonies ne permet pas les trouver facilement.

Il est très difficile de prévenir les attaques, car les nids de frelons se trouvent généralement dans des endroits cachés.

Shunichi Makino, Centre de recherche en foresterie d’Hokkaido, Japon

Un nid de frelons géants se trouve entre 6 et 60 centimètres sous la surface du sol et la végétation rend difficile sa localisation.

Détruire les nids de Vespa mandarinia

La destruction des nids de frelons meurtriers est une activité commune en Asie. Elle est nécessaire pour protéger les ruchers, mais permet aussi de prélever des larves très appréciées en cuisine. Et que l’on peut revendre à bon prix.

La vidéo voisine – vue plus d’un million de fois – illustre bien la dangerosité du travail des chasseurs de frelons.

Film produit par Hornets Removal montrant la destruction d’un nid de frelons géants. Vous pouvez voir la reine à 5 minutes 40.

Principes de destruction

Deux protocoles sont communément suivis pour détruire une colonie de frelon géants.

Le premier principe consiste à récupérer toutes les ouvrières et leur reine, pour avoir accès aux larves. Le chasseur de frelons peut alors vendre les larves à un prix bien supérieur à celui de la viande de boeuf.

Le second principe ne vise pas à récupérer les larves et les nymphes. Le chasseur de frelons va employer un insecticide puissant pour tuer toute la colonie. Cet insecticide est injecté dans le nid. L’action prend plusieurs heures, car il est nécessaire d’attendre de retour de toutes les ouvrières dans leur nid, puis leur contamination avec l’insecticide.

Précautions

La destruction d’un nid de frelons – quelle que soit l’espèce – est une activité dangereuse. Ces insectes défendent farouchement leur gîte et prennent tous les risques pour faire fuir leur agresseur.

Ainsi, des centaines d’ouvrières peuvent sortir d’un nid, lorsque leur colonie est dérangée. Le risque d’être tué est très élevé si l’on se trouve attaqué par ces insectes.

Pour le moment, le frelon géant n’est pas présent en France. Et vous ne risquez pas d’être piqué. Par contre, il convient de rappeler que le frelon asiatique – présent sur l’hexagone – est particulièrement dangereux.

Bien qu’une lutte collective soit en place et que le Muséum national d’histoire naturelle suit l’invasion, Vespa velutina doit être considéré comme une menace.

Voici quelques conseils à ceux qui suspecteraient la présence d’un nid de frelons asiatiques chez eux :

  • Il ne faut pas intervenir sur un nid de frelons par soi-même.
  • De plus, il ne convient pas de contacter un apiculteur. Car la destruction d’un nid de frelons nécessite un équipement de protection particulier. Les tenues d’apiculture ne sont pas assez épaisses pour empêcher les piqûres. Il faut aussi des connaissances pour savoir comment intervenir sur un nid de frelons.
  • Il est donc indispensable de contacter une entreprise spécialisée en désinsectisation pour assurer la destruction des nids de frelons.

Vous pouvez trouver les coordonnées des entreprises spécialisées dans la destruction des nids de frelons en passant par internet.

Il est aussi possible de questionner votre mairie ou votre communauté de communes. Certaines municipalités financent la destruction des nids de frelons, pour soutenir la lutte contre les Hyménoptères invasifs.

Les pompiers n’assurent pas le traitement des colonies qui se trouvent dans un espace privé. Par contre, ils peuvent intervenir sur des nids situés sur l’espace public, car ils constituent un danger pour la population.

Capturer les ouvrières du frelon géant

La capture des ouvrières peut réduire la pression de prédation. Les ouvrières sont attirées dans un piège au moyen d’un liquide sucré. L’appât est placé dans un nasse. Les frelons y entrent, mais ne retrouvent pas la sortie.

L’appât est généralement un mélange de sirop et de bière. L’alcool attire les frelons, mais repousse les abeilles. Toutefois, cet appât n’est pas sélectif et beaucoup d’Hyménoptères utiles – comme les frelons européens – sont tués.

Il est aussi possible de capturer les ouvrières avec une plaque de glu. On place sur ce piège un première ouvrière, qui en diffusant ses phéromones va en attirer d’autres. Ce type de piège est placé au-dessus des ruches.

Capturer les reines du frelon meurtrier

La capture des jeunes reines se déroule avant ou après leur repos hivernal.

La capture des fondatrices permet de freiner la dynamique de colonisation des milieux. Mais cette capture pose le problème de la non sélectivité. En effet, on peut aussi capturer et tuer des reines espèces locales et créer un déséquilibre.

Effectuer un signalement

En 2021, le frelon géant n’est pas présent en France. Mais il possible que des reines soient introduites involontairement à l’avenir.

Si vous trouvez un insecte mort qui est semblable aux photos de Vespa mandarinia, nous vous conseillons de prendre un cliché et d’en informer le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris.

Ce signalement se fait depuis leur site frelonasiatique.mnhn.fr

Pour en savoir plus sur le frelon géant

Un document publié par l’Université de Floride a été utilisé pour la rédaction de cet article. Consultez le document.

Une page du site animaldiversity.org est dédiée au frelon géant et à sa biologie. Consultez la page.

Une publication présente une forme d’élevage hors norme du frelon géant dans le Nagaland (Inde).

Pour résumer

Les transports maritimes internationaux nous confrontent à l’introduction régulière d’espèces exotiques, dont certaines peuvent être invasives et nuisibles pour les personnes et l’environnement. Et l’arrivée de plusieurs espèces de frelons en Europe illustrent parfaitement ce problème lié à la mondialisation.

Mais le frelon géant fait naître des craintes importantes chez les experts et chez la population. À juste titre, car cette espèce originaire d’Asie orientale a fait son apparition dans le nord-ouest des États-Unis. Son étonnante capacité à s’acclimater inquiète les spécialistes du monde entier.

Vespa mandarinia pourrait ensuite poursuivre son voyage, pour débarquer en Europe. Une telle invasion aurait de tragiques conséquences pour les personnes et les milieux naturels.

De nombreuses espèces d’insectes pourraient disparaître. Les abeilles mellifères lourdement impactées par la prédation du frelon asiatique et la parasitisme du varroa ne survivraient que dans peu de ruchers.