L’apiculture n’est pas une pratique qui échappe aux innovations. Depuis quelques années, des technologies permettent d’ajouter de nouvelles fonctions pour rendre l’apiculture plus efficiente. Les ruches connectées font leur apparition et l’apiculture de précision trouve ses adeptes. S’agit-il d’une mode ou bien d’une révolution ?
Quelques écueils en apiculture
L’apiculture est accessible, pourvu que l’on dispose d’un emplacement pour placer ses ruches, que l’on respecte la réglementation et que l’on soit prêt à engager un budget pour faire l’acquisition du matériel indispensable. Mais il n’en demeure pas moins une activité technique qui demande des connaissances et un sens de l’observation.
Voici en suivant, les principaux phénomènes que l’apiculteur doit surveiller et qui sont souvent à l’origine des difficultés rencontrées par les débutants.
L’emplacement du rucher
Le développement des ruches et les rendements en miel sont corrélés avec la disponibilités des ressources environnementales. Les butineuses vont surtout récolter du nectar et du pollen jusqu’à deux kilomètres autour de leur nid. Cette zone que l’on nomme aire de butinage doit être suffisamment riche en fleurs si l’on attend une récolte suffisante de miel.
Cette richesse s’évalue sur la quantité, mais aussi sur la diversité floristique. L’environnement peut aussi se montrer défavorable lorsqu’une agriculture intensive est menée et que l’emploi de produits insecticides et autres pesticides est fréquent.
L’emplacement du rucher est aussi important d’un point de vue du micro-climat. Certaines expositions trop fraîches peuvent être à l’origine de moins bonnes performances. En situation plus froides et au début du printemps, les butineuses sortent plus tard en matinée. Les quantités de nectar amassées sont plus faibles en comparaison avec celles constatées pour des colonies situées sur un rucher bien exposé, en situation ensoleillé et à l’abri des vents dominants.
L’apiculteur doit donc sélectionner les meilleurs sites pour implanter ses ruches.
L’essaimage
Les colonies d’abeilles se multiplient par l’essaimage. Celui-ci se produit au printemps ou parfois en été. Il s’agit du départ de l’ancienne reine et d’une partie des abeilles du nid. L’essaim va alors chercher à fonder une nouvelle colonie dans une cavité, comme le creux d’un arbre ou une anfractuosité dans des rochers. Pour l’apiculteur l’essaimage est souvent synonyme de perte. C’est le cas lorsqu’il n’arrive pas à temps pour récupérer l’essaim et lui offrir une ruche vide comme abri.
Dans certaines zones et notamment en milieu urbain et périurbain, il convient de capturer les essaims avant que ceux-ci ne viennent perturber le voisinage en trouvant refuge derrière un volet ou dans le conduit d’une cheminée.
Mais il ne faut pas oublier que l’essaimage permet aussi aux abeilles de se maintenir dans l’environnement. Il est nécessaire à la survie de l’espèce.
La santé des colonies
Les abeilles sont sensibles à plusieurs agents pathogènes et à des parasites ou prédateurs. Ces infections peuvent affaiblir une ruche et provoquer une baisse du rendement de miel produit. Dans les cas les plus graves, la colonie peut être détruite totalement. L’apiculteur doit donc surveiller régulièrement la santé de ses colonies et traiter si nécessaire.
Beaucoup d’apiculteurs arrêtent leur activité suite à trop de pertes dans leur rucher. Le varroa et le frelon asiatique sont en France les principaux ravageurs. Ils demandent une attention toute particulière tout au long de l’année.
Les réserves en miel avant l’hivernage
Les abeilles produisent du miel en prévision de l’hiver. Dans les régions où les températures hivernales sont constamment froides, les abeilles seront incapables de sortir et butiner pendant plusieurs semaines. La survie de la colonie va dépendre entièrement des réserves dont-elle dispose.
Lorsque l’apiculteur prélève trop de miel ou lorsque la saison n’a pas été favorable à de suffisantes récoltes de nectar, les abeilles peuvent manquer de ressources et risquent de mourrir de faim durant l’hiver. L’apiculteur doit alors prévoir de donner du sucre en quantité suffisante à ses abeilles. On parle de nourrissement, terme propre à l’apiculture.
La ruche connectées et ses apports
L’apiculture de précision a pour objectif de faciliter l’élevage des abeilles et de maximiser les rendements au moyen d’outils technologiques et du traitement des données transmises par 4G ou liaison filaire. L’apiculture de précision intéresse aussi bien les professionnels, que ceux qui pratiquent l’apiculture comme un loisir. Et chacun en fonction de son activité et de ses exigences aura des attentes spécifiques.
Pour sa part, l’apiculteur professionnel est un chef d’entreprise qui doit être performant sur le plan technique, mais aussi sur le plan de la gestion de son exploitation. Il doit s’occuper de plusieurs ruchers et il pratique souvent la transhumance de ses ruches. Son temps est précieux et il doit faire des économies sur ses dépenses en transport et en intrants.
Voici les principaux capteurs que l’on retrouve sur les ruches connectées.
Surveiller le poids de la ruche
La plupart des ruches connectées sont équipées d’une balance. Celle-ci va mesurer en continue le poids de la ruche.
La ruche peut augmenter en poids lorsque sa population d’abeilles augmente. Une abeilles pèse entre 80 et 100 milligrammes et la colonie peut compter jusqu’à plus de 6 kilogrammes d’abeilles en plein coeur de la saison apicole. La ruche augmente aussi son poids lorsque les butineuses rapportent du nectar en abondance.
Inversement, une ruche peut diminuer en poids, lorsque sa population décroît comme cela se passe normalement à la fin de l’été. De même, la ruche s’allège à mesure que le miel est consommé. Le poids peut chuter brusquement de plusieurs kilogrammes durant l’essaimage.
La balance va donc communiquer des informations qui resteront à interpréter par rapport à la saison et à l’historique de la colonie. L’apiculteur devra alors faire appel à ses connaissances et à son expérience d’éleveur.
Mesurer la température interne
Les capteurs de température sont aussi intéressants et sont souvent employés. Dans ce cas une sonde est positionnée sur le sommet d’un cadre au centre de la ruche. Pour une ruche à dix cadres, il faudra la placer sur le cinquième ou le sixième cadres.
Le coeur du nid est l’emplacement où la reine va pondre. Les abeilles et notamment les plus jeunes se chargeront de maintenir la température autour du couvain au voisinage de 35 °C. Cette régulation est perturbée lorsque la population des abeilles n’est pas assez importante, mais aussi lorsque l’état sanitaire se dégrade.
Si l’apiculteur observe de trop importantes fluctuations entre la journée et la nuit, il est nécessaire qu’il évalue l’état de la colonie. Il pourra alors procéder à un traitement si une maladie est en cause. Ou bien réaliser un rassemblement de la colonie affaiblie avec une autre colonie.
Mesurer l’hygrométrie
L’hygromètre est plus rarement utilisé, mais il apporte des informations intéressantes. Certaines sondes couplent la fonction thermomètre et hygromètre.
Les abeilles sont capables de réguler l’humidité interne de leur nid. Une hygrométrie comprise entre 60 et 85 % permet de garder le couvain dans de bonnes conditions. Les larves sont en effet très sensibles à la déshydratation.
Lorsque l’état sanitaire se dégrade l’hygrométrie est moins bien régulée. Des recherches ont montré qu’une infestation par les varroas provoquait souvent une baisse de l’humidité au coeur du nid. Une visite s’impose alors.
Compter les butineuses
Un capteur placé sur le trou d’envol permet de compter les entrées et les sorties des butineuses.
Il est alors possible de connaître le nombre d’abeilles qui se trouvent à l’extérieur de la ruche et d’évaluer l’activité de fourragement. On peut aussi sur un cycle de 24 heures évaluer la mortalité durant les sorties.
Cette mesure couplée avec l’observation de la quantité de nectar récolté, permet d’évaluer le potentiel en plantes mellifères présentent sur l’aire de butinage. L’apiculteur pourra juger de l’intérêt de déplacer ses ruches vers une autre zone.
GPS et système antivol
Il est également possible pour l’apiculteur de placer à l’intérieur de ses ruches des GPS et des transmetteurs 4G. Cette fonctionnalité à pour objectif de pouvoir localiser géographiquement l’emplacement de ses ruches.
Les vols de ruches sont de plus en plus fréquents et chaque année de nombreux apiculteurs sont victimes de vol. La pose d’un système antivol sur ses ruches est une précaution qui se justifie.
Comment bien débuter en apiculture de précision ?
L’apiculture de précision est un domaine passionnant et probablement une voie d’avenir pour une apiculture tournée vers la performance et la production. Mais elle permet aussi aux débutant de faire d’intéressantes observations. Bien menée, elle limite les visites inutiles, qui sont toujours une perturbation pour l’équilibre thermique de la ruche.
Il est actuellement possible de se lancer en apiculture de précision, sans être pour autant un geek. Mais un cheminement logique est toutefois nécessaire.
Maîtriser les bases en apiculture et en apidologie
L’abeille est un insecte à la biologie complexe. et le néophytes doit prendre le temps nécessaire pour bien se former et ainsi bien débuter. Sans quoi il risque d’échouer dès la première année ou après le premier hiver.
Il est plus que conseillé de suivre un stage au sein d’un rucher école. Mais il ne faut pas se limiter à l’unique pratique. Notre formation à distance donne aussi un complément théorique complet qui permet de progresser rapidement et de minimiser les erreurs.
Choisir une solution technologique adaptée
L’apiculture de précision n’est plus une discipline d’accès complexe, réservée aux universitaires et aux quelques apiculteurs qui cumulent aussi une expertise en ingénierie ou en électronique.
Les capteurs sont maintenant commercialisés et les logiciels sont de prise en main facile. L’entreprise Mellisphera spécialisée en apiculture de précision propose du matériel adapté aux besoins des amateurs, mais aussi des professionnels. Il est possible de débuter en apiculture de précision avec une budget d’une centaine d’euros, puis de faire évoluer ses systèmes d’information par la suite.
L’apiculture de précision peut-elle aider les abeilles à survivre ?
Il existe de nombreux types d’apiculture. Et l’apiculture de précision en est l’une des orientations les plus récentes. Il est donc normal qu’elle rencontre un accueil partagé, avec d’un côté ses fans et de l’autre ses détracteurs.
Il est légitime de s’interroger sur l’apport de la technologie pour contribuer à la conservation des abeilles locales et notamment de l’abeille noire (Apis mellifera mellifera).
Comme nous l’avons montré, les capteurs et le traitement de l’information permettent de détecter des variations au sein même de la colonie, sans devoir ouvrir celle-ci. Chaque ouverture inutile d’une ruche produit un stress et dégrade les conditions de vie des abeilles. Cette apiculture moins intrusive contribue à maintenir le bien-être des abeilles.
En alertant l’apiculteur d’une diminution des réserves de miel à disposition des abeilles, celui-ci pourra répondre en mettant en place un nourrissement adapté. Et de nombreuses colonies seront alors sauvées. Rappelons que dans certaines régions de France les pertes hivernales sont supérieures à 30%.
La biodiversité pourra t-elle bénéficier de l’apiculture de précision ? Nous pensons que c’est le cas. Car en maintenant des colonies en bonne santé, l’apiculteur protège les colonies sauvages des infections et contribue à maintenir une bonne pollinisation tout autour de ses ruchers.