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Agrologie/Permaculture Apiculture

Quelle place pour l’apiculture en permaculture ?

La permaculture a pour ambition de tendre vers une production agricole soutenable, compatible avec la conservation des sols et le maintien de la biodiversité ; dans le respect d’autrui et le partage équitable entre les Hommes et les tous les êtres vivants. La permaculture s’exprime davantage sur les résultats obtenus que les moyens mobilisés. Les déchets sont valorisés autant faire se peut, et cette approche se veut minimaliste et économique. Mais cela ne s’oppose pas à la performance pour autant. Car l’objectif n’est pas de rendre le jardinier esclave de son jardin. Mais bien de le libérer de nombreux travaux et contraintes.

Interactions entre la ruche, son environnement et l'apiculteur.
En permaculture, toutes les composantes biotiques et abiotiques sont en interaction ; les actions du permaculteur ont alors un impact local et global.

Ainsi d’un point de vue technique, il existe autant de permacultures différentes qu’il n’y a de permaculteurs. Car les méthodes en permaculture vont varier en fonction du contexte social et environnemental. C’est tout aussi vrai pour l’apiculture.

Certaines pratiques apicoles – notamment l’apiculture naturelle – sont clairement alignées avec le paradigme de la permaculture. Mais il est toujours possible de mener une réflexion et de s’approprier des concepts de la permaculture, dans son activité de loisir ou professionnelle, même si l’on ne se revendique pas de ce mouvement.

L’apiculture doit-elle s’inviter dans tous les jardins ?

Il faut faire attention à la surpopulation

L’abeille mellifère vit en colonie de plusieurs milliers d’individus. Durant la saison apicole, un grand nombre de butineuses vont explorer une aire de butinage de plusieurs kilomètres carrés. Créer un rucher de plusieurs ruches va donc avoir un impact sur les écosystèmes alentours. Et dans de nombreuses zones urbaines ou rurales – suite au développement de l’apiculture de loisir – la densité en colonies d’abeilles mellifères est bien supérieure à la moyenne naturelle.

Cette surpopulation est à l’origine d’un déséquilibre. Il faut donc se poser la question de la concurrence entre les abeilles mellifères et les autres pollinisateurs. Et d’un point de vue du permaculteur, le nombre des ruches doit être adapté à l’environnement. Cette densité doit être ajustée au cas par cas.

Des permaculteurs vont jusqu’à accuser les abeilles mellifères de surpolliniser les fleurs et de déséquilibrer la production des arbres. Les branches des arbres risqueraient alors de se briser sous le poids des fruits produits en trop grand nombre. L’épuisement qui résulte de cette mise à fruit peut alors se répercuter l’année suivant, par une diminution des fleurs produites. Car l’arbre ne peut continuellement supporter de fort rendement.

D’après ceux qui s’opposent à l’emploi des ruches, l’apiculture est “employée sur des agro-systèmes malades qui dépendent de mesures artificielles pour maintenir leurs rendements“. Car lorsque les agro-systèmes sont en bonne santé, la seule présence des abeilles solitaires, des bourdons et autres pollinisateurs est suffisante et souhaitable. Après tout chacun est libre d’avoir un avis sur l’apiculture.

Ne pas oublier les autres pollinisateurs

Des permaculteurs préfèrent aider les populations d’abeilles solitaires, en plaçant au besoin des hôtels à insectes à proximité du potager ou du verger. Laisser une zone d’un terrain retourner à la friche permet aussi de favoriser l’implantation de ces insectes. Il en va de même des tas de bois ou des amoncellements de pierres.

Il ne faut pas oublier qu’en France, on compte plus de 900 espèces d’abeilles. Et que ces espèces sont capables de remplir le service écosystémique qui l’on attend d’elles dans un jardin.

Mais comme nous l’avons introduit en début d’article, il existe de multiples approches. Et rien ne doit vous empêcher de créer un rucher au sein de votre micro-ferme si la permaculture vous intéresse.

Une seule ruche peut être insuffisante, notamment pour faire face à la mortalité hivernale assez forte. Deux ou trois ruches font une base plus sure.

Il faut répondre aux besoins des abeilles avant ceux de l’apiculteur

En permaculture, le maître mot est d’observer la nature, pour ensuite mettre en place des systèmes de production adaptés au contexte local : sol, climat, faune, flore et population humaine.

La création d’un rucher suivra le même raisonnement. Il faudra offrir aux abeilles mellifères des conditions aussi proches que possible de celles rencontrées par les colonies sauvages.

Comment bien loger les abeilles ?

Les abeilles sont des insectes forestiers qui investissent les cavités des arbres creux pour y bâtir leur nid. Les ruches les plus proches de l’écologie des abeilles sont donc les ruches troncs,…

Mais il est possible d’utiliser les ruches en pailles, si possible recouverte de torchis ou d’argile. Cette couche supplémentaire permet de mieux isoler les insectes des fluctuations thermiques extérieures. Durant l’hiver, les abeilles ne seront pas réveillés par le moindre redoux ou rayon de soleil. La grappe ne se défait donc pas. L’isolement leur permet aussi de consommer moins de miel étant donné que la température interne est plus facile à maintenir.

Quel que soit le type de ruche, on n’introduira pas de cire gaufrée. Cette mesure évite d’introduire des cires contaminées par des pesticides. Les abeilles vont donc entièrement bâtir leurs rayons de cire.

Comment améliorer l’environnement de la ruche ?

La plantations d’arbustes et d’arbres mellifères est importante. On jardine pour les abeilles, bien que les besoins d’une colonie ne soit pas couvert à l’échelle d’un jardin.

Le saule marsault par sa floraison annuelle apporte des ressources abondantes à une époque souvent pauvre en floraison. Le lierre est une ressource importante et doit être conservé. Il permet aux abeilles de compléter leurs réserves avant l’hivernage.

Il faut aussi semer des annuelles qui sont rapidement profitables aux abeilles, comme la bourrache et de coquelicot. Ces plantes peuvent trouver leur place tout autour des cultures.

Quelles abeilles mellifères recevoir dans son jardin ?

Le permaculteur s’oppose à la sélection des abeilles. Il est préoccupé par l’appauvrissement génétique et la dénaturation des sous-espèces locales due à l’hybridation.

En France et en Belgique, le choix se portera vers l’abeille noire (Apis mellifera mellifera). Les lignées d’abeilles locales – les écotypes – font preuve de plus de rusticité et sont généralement plus résistantes face aux parasites et aux maladies.

Comment protéger les abeilles des parasites et des prédateurs ?

De nos jours, les abeilles sont menacées par plusieurs parasites dont le plus dangereux est le varroa. En apiculture conventionnelle et afin de garantir un traitement simplifié, les apiculteurs introduisent généralement des bandelettes contenant un insecticide, tel que l’amitraze.

Cette dernière molécule n’est pas sans danger sur les abeilles. Elle n’est donc pas utilisée en permaculture. De même qu’aucun pesticide n’est pulvérisé dans le jardin. Le permaculteur utilisera si nécessaire – la menace du varroa est à prendre au sérieux – des préparations à base de composés organiques comme l’acide oxalique.

Les prédateurs peuvent aussi poser de graves dangers dans les ruchers. Le frelon asiatique est capable de décimer les essaims, lorsque sa pression est forte. Certaines ruches offrent une meilleures protection que d’autres. L’abondance de la végétation devant de trou d’envol permet aussi de réduire les prélèvements.

Quand faut-il ouvrir ses ruches ?

On n’aborde pas l’abeille comme un outil de production. L’apiculture en permaculture est une apiculture d’accompagnement. Les interventions sont donc minimales, car le stress affecte l’état de santé des abeilles. Le refroidissement du couvain – oeufs, larves et chrysalides – est la cause de maladies.

Comment augmenter la taille de son rucher ?

Dans la nature, les colonies d’abeilles mellifère se multiplient par l’essaimage. C’est au printemps que la plupart des essaims quittent les ruches pour fonder d’autres colonies. L’essaim se pose généralement pendant quelques heures à faible distance de la ruche mère. Il est alors facile de le récupérer et de l’enrucher.

L’essaimage est généralement combattu en apiculture de production. Car au moment du départ, les abeilles prélèvent une importante quantité de miel comme provision. De plus, l’essaimage réduit de moitié – voire davantage – la population de la ruche. Celle-ci dépeuplée attendre plusieurs semaines afin d’atteindre de nouveau une activité normale.

En permaculture, l’essaimage peut être favorisé. On emploi alors des ruches de volume réduit, c’est-à-dire de 30 à 40 litres. Les abeilles placées dans ces ruches vont rapidement se sentir à l’étroit. Elles vont alors provoquer un essaimage. Le permaculteur s’il ne peut pas récupérer l’essaim, peut toutefois disposer dans les environs des “pièges à essaim”, c’est-à-dire des ruches dans lesquelles de la cire aura été placée.

Quand faut-il récolter le miel et combien peut-on prélever ?

Vous l’avez compris, en permaculture on emploie davantage des ruches de biodiversité, que des ruches de production. La production de miel n’est pas une priorité. Le but étant parfois simplement d’accueillir les abeilles locales, sans en tirer une quelconque contre-partie. Mais il reste toutefois possible de prélever les quantités nécessaires – et généralement modestes – pour couvrir les besoins d’une famille.

Les récoltes de miel sont réduites à deux ou trois kilogrammes par colonie, afin de permettre un hivernage dans des conditions optimales. Le permaculteur ne pratique pas le nourrissement au sirop de sucre ou au candi. Il faut donc laisser aux abeilles suffisamment de réserve de miel pour passer l’hiver.

La récolte du miel se fait de préférence au printemps, afin de laisser suffisamment de temps à la colonie pour reconstituer ses réserves. Et lorsqu’une colonie est jugée trop petite, aucune récolte ne sera effectuée.

Formez-vous en ligne à l’apiculture de loisir

Si vous souhaitez devenir apiculteur et créer un rucher de loisir, sachez que l’étude de la biologie de l’abeille a autant d’importance que la pratique en rucher école.

Quels est l’impact des ruches sur le jardin permacole ?

Environ 75% des espèces de plantes consommées par l’humanité ont besoin de l’intervention des pollinisateurs et notamment des abeilles, pour féconder leurs fleurs et produire leurs fruits. On parle de plantes entomophiles.

Les abeilles mellifères sont des auxiliaires performants qui assurent la pollinisation de nombreuses espèces végétales. Elles sont en effet assez généralistes dans leurs préférences.

La présence d’une ruche (ou de quelques ruches) à proximité du verger et du potager va donc contribuer à augmenter la production en fruits et légumes. Mais aussi va permettre la production de fruits plus volumineux et de meilleure qualité nutritive.

Comment s’engager vers une pratique d’apiculture durable ?

La permaculture demande une réelle volonté de changer ses habitudes de production. Pour adopter des techniques permacoles et créer une microferme dans son jardin ou sur son balcon, il est nécessaire de s’informer et de se former.

Il existe en France, en Belgique et partout ailleurs dans le monde des fermes expérimentales et des fermes écoles qui proposent des stages et des formations en permaculture.

Si vous vous intéressez à la permaculture et que vous souhaitez en apprendre davantage sur ces fondements, consultez la page de notre formation en ligne en permaculture.