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Apiculture

L’apiculture est-elle écologique ?

Depuis quelques années, le nombre des apiculteurs en France augmente constamment. La plupart des nouveaux arrivants sont des particuliers qui font l’acquisition d’une ou de quelques ruches, qu’ils disposent dans leur jardin ou parfois sur un balcon ou le toit d’un immeuble. Cette engouement traduit un besoin de se rapprocher de la nature et de contribuer à la protection de la biodiversité. L’abeille mellifère (Apis mellifera) est la sentinelle de l’environnement que tout le monde souhaite sauver de la disparition. Mais l’apiculture si elle n’est pas correctement pratiquée peut causer des nuisances à de nombreuses espèces animaux et aux abeilles. Ainsi est-il légitime de se demander si l’apiculture est une pratique écologique.

Plusieurs types d’apiculture

Il existe autant de types d’apiculteur qu’il existe d’apiculteurs. Cette expression bien connue est proche de la vérité. Car chacun en fonction de ses projets, du temps dont il dispose et de sa situation géographique, abordera l’élevage des abeilles d’une façon propre. Un apiculteur amateur et un apiculteur professionnel n’auront pas le même impact sur l’environnement. Car posséder quelques ruches n’a rien à voir avec la conduite d’un rucher de cinquante, cent ou plusieurs centaines de colonies.

Toutefois, il est juste de distinguer plusieurs types d’apiculture. La plus connue est l’apiculture conventionnelle. Elle est pratiquée par la plupart des apiculteurs professionnelles. Elle s’appuie sur les enseignements des ruchers écoles et des centres de formation agricole. Elle repose aussi sur du matériel standardisé et notamment l’usage de ruches à cadres comme la ruche Dadant ou la ruche Langstroth. C’est souvent la forme d’apiculture que les débutant embrassent. Il est facile de s’approvisionner en matériel à un bon prix et les formations apicoles sont nombreuses en France et dans bien d’autres pays.

Mais il est aussi possible de pratiquer l’apiculture comme elle l’était en Europe il y a plusieurs dizaines d’années ou siècle. On peut alors garder des colonies d’abeilles dans des ruches en paille ou dans une ruche tronc. Cette conduite d’élevage est moins intensive et l’apiculteur ne contrôle pas toutes les étapes du cycle annuel d’une colonie. On laisse alors chaque colonie essaimer et on récupère les essaims si l’on en a besoin pour son rucher. Cette pratique est nommée dite apiculture naturelle. Elle est souvent prônés par les apiculteurs qui souhaitent contribuer à la protection des abeilles locales et pour qui la récolte de miel n’a pas beaucoup d’importance.

En fonction de la conduite de son cheptel, de l’endroit où l’on souhaite installer son rucher et du nombre des ruches que l’on possède acquérir, l’impact sur l’environnement ne sera pas le même. D’autant plus si l’apiculteur fait le choix ou non de garder des abeilles locales. En France, la sous-espèce locale est l’abeille noire (Apis mellifera mellifera). Elle a été abandonnée par de nombreux apiculteurs pour des sous-espèces ou des races plus faciles à exploiter. Elle est donc en raréfaction dans de nombreuses régions de France et son avenir dépend de l’implication du plus grand nombre d’apiculteurs et de leurs associations.

Quel est l’impact sur le milieu naturel ?

Il existe en France plus de 900 espèces d’abeilles sauvages. Contrairement à Apis mellifera, ces insectes ne vivent pas en colonie et évoluent sur des aires de surface plus réduite pour y trouver leurs aliments. Elles se nourrissent aussi de pollen et de nectar. Mais certaines sont plus spécialisées que d’autres. Apis mellifera étant généraliste s’adapte plus facilement aux perturbations de son milieu.

Les abeilles et les bourdons ont des préférences pour des plantes diverses. Certaines espèces sont généralistes et d’autres sont spécialisées.

Beaucoup d’abeilles autochtones en France sont en voie de disparition, car les plantes dont elles sont dépendantes sont aussi en raréfaction (aménagement ou destruction de l’habitat des plantes, réchauffement climatique,…). Ces espèces fragilisées s’adaptent d’autant moins bien aux bouleversement de leur environnement qu’elles sont en concurrence avec l’abeille mellifère.

Les grands ruchers qui comptent plusieurs dizaines et parfois plus de cent ruches au même emplacement sont des sources de nuisance pour l’entomofaune locale. Certaines zones sont trop denses en ruches comme l’explique cet article du journal Le Monde. Et les abeilles n’arrivent plus à subsister à leurs besoins sans l’aide de leur apiculteur. C’est par exemple le cas à Paris, où plus de 2000 colonies ont été déclarées sur les 100 kilomètres carrés de la capitale. Cette densité est trois fois supérieure à la moyenne d’une zone agricole. Les ruches parisiennes ont pour la plupart besoin de recevoir des aliments artificiels sous la forme de sirop ou de candi pour passer l’hiver.

Les osmies sont l’une des centaines d’espèces d’abeilles qui peuplent les campagnes, mais aussi les villes de France. Crédit photographique : Sternbea, Pixabay.

Ainsi avant d’installer des ruches dans son jardin, il est important de se questionner sur l’état de son environnement. Existe t-il des espèces d’abeilles menacées dans mon secteur ? Comment puis-je aider ces abeilles solitaires à supporter la concurrence que je vais leur infliger ? On peut aussi revoir le nombre des ruches à installer à la baisse. On peut aussi installer son rucher dans un autre secteur. Installer des hôtels à insectes pour que les abeilles solitaires trouvent des gîtes adaptés pour y installer leur nid et pondre leurs oeufs est aussi une bonne idée. Garder un jardin

Vous souhaitez pratiquer une apiculture responsable ?

L’apiculture est une pratique qui demande des connaissances approfondie pour être abordée sereinement. Si vous souhaitez devenir apiculteur et acquérir des abeilles, vous devez vous former. Notre formation à distance va vous donner les bases théoriques fondamentales pour réussir votre projet.

Pourquoi pratiquer l’apiculture peut nuire aux abeilles mellifères ?

La pratique de l’apiculture sans réflexion préalable peut causer plus de tord qu’on pourrait l’imaginer. En effet, devenir apiculteur impose d’accepter les contraintes liées à l’élevage d’animaux. Bien que les abeilles soient capables de se débrouiller partiellement seules sans l’aide de leur apiculteur, celui-ci doit toutefois veiller à la santé des colonies qu’il garde dans ses ruches.

Depuis l’arrivée du varroa en France durant les années 80, l’apiculture n’est plus une activité aussi simple. Il est nécessaire de surveiller l’infestation de chaque colonie et de réaliser un traitement acaricide si nécessaire. Sans traitement et en zone de présence du varroa, on assiste à l’effondrement des colonies après quelques mois et tout au plus deux ou trois ans.

Des colonies laissées sans soin vont contribuer à infester à distance d’autres colonies d’abeilles et notamment les très rares colonies sauvages. Ainsi être un apiculteur qui ne s’occupa pas ou mal de ses ruches n’aide pas l’abeille et l’environnement. Bien au contraire. Ainsi, avant de s’engager dans l’apiculture de loisir, il est nécessaire de s’initier à cette pratique en suivant une formation. Celle-ci vous permettra de mesurer votre motivation et de faire le meilleur choix pour vous et pour l’environnement.